Mettre les enfants sur les bancs de l’école. Au cœur des engagements d’AVE, cette mission revête un caractère particulièrement significatif dans les classes dites d’affection. Détour par l’une d’entre elles.
Au Vietnam, ils sont plusieurs centaines de milliers d’enfants à ne pas pouvoir terminer leur cycle scolaire. Faute d’infrastructures scolaires dans les zones rurales isolées ; faute de moyens financiers suffisants, ce qui les contraint à travailler pour aider leurs parents ; ou, dans certains cas, faute d’autorisation. Étrange phénomène à nos yeux d’Européen, il est aisément explicable : la migration de leurs parents, venus de la campagne chercher du travail en ville, prive souvent ces enfants des papiers qui les autorisaient à se rendre dans les institutions publiques.
Située dans un quartier pauvre d’Ho Chi Minh Ville, Binh Tan est l’une de ces écoles d’affection, dédiées aux enfants exclus du système scolaire traditionnel.
Scolarité et repas financés par AVE
Depuis son ouverture voici cinq ans, ses enseignantes et enseignants s’emploient à combler les lacunes et les retards, à compenser le temps perdu pour ces écoliers.
Quelque 150 élèves de 6 à 10 ans se partagent les bancs de quatre classes entre le matin et l’après-midi de septembre à juin. Près de 150 enfants dont la scolarité est entièrement financée par AVE. Dans cette école, le gouvernement a reconnu le travail effectué par les enseignants et enseignantes en subventionnant le matériel scolaire, essentiel lors des cinq heures de cours quotidiens.
Ces maîtresses et maîtres d’école sont rémunérés par l’association AVE, via le Service social géré par les Filles de la Charité, qui aide à la répartition des finances. Ce cas est loin d’être unique : AVE soutient ainsi six établissements de ce genre que cela soit à Ho Chi Minh Ville, dans le delta du Mékong ou dans la zone des hauts plateaux au centre du pays. Comme dans toutes ces écoles, filles et garçons profitent d’un repas quotidien. Riz ou pâtes de riz accompagnés de viande ou de poisson. Certes peu varié, ce menu est cependant d’autant plus apprécié qu’il compose parfois le seul repas journalier de ces enfants.
Après la classe, le travail
Beaucoup travaillent pour épauler leur famille lorsqu’ils ne sont pas en classe. Dinh est de ceux-là. A 12 ans, le garçon s’ingénie parfois à glisser les notices dans des boîtes de médicaments. 8 000 dongs (soit environ 0,30 centimes d’euros) pour 1 000 feuilles insérées… Une pichenette. Cette somme est néanmoins utile à sa grand-mère avec laquelle il vit, aux côtés de sa petite sœur, Thu. Celle-ci l’aide également dans ses petits boulots. Tous leur sont confiés par des voisins en fonction des besoins des entreprises du secteur.
Cela fait maintenant deux ans que l’aïeule et ses deux petits enfants logent tous les trois dans une pièce unique dotée d’une mezzanine. Et partagent leur cour avec trois autres familles.
Dinh a aussi un petit frère, de trois ans. Mais le cadet de la famille vit à plusieurs kilomètres de là avec son père.
Il en faudrait cependant plus pour assombrir les rêves de Dinh : à l’instar de nombre de ses camarades, il aimerait un jour être policier. Après avoir effectué son lycée. Alors, pour parvenir un jour à ce but, il est assidu à l’école et travaille avec application.